Elle était jeune et jolie, cette petite fille aux cheveux d'or. Elle rêvait de prince charmant, de beaux enfants et d'un château en pleine forêt. Ses yeux brillants reflétaient l'enfance, l'innocence et la naïveté à plein nez, elle respirait douceur et joie, et le regard qu'elle portait sur le monde était bien loin de ce qu'elle pourrait s'imaginer plus tard. Stresse, pollution, économie, chômage, caféine. Le temps passe si vite, et sous ses yeux, elle contemple le monde qui lui est imposé. Un monde pourri, où tout le monde ne vit que pour soi et que pour sa petite existence. « Tiens, il y a encore cette pile là à consulter. » Un tas de papiers virevolte. Son teint est si terne, ses cheveux sans éclats, sa mine blafarde et ses yeux cernés. Elle se drogue à la cigarette, au café et aux antidépresseurs. Elle passe ses journées à bosser, râle à cause des bouchons, rentre le soir stressée et au bord des nerfs et s'endort dans l'espoir d'une journée meilleure. Cette journée n'arrive jamais. Tout comme cette perspective d'une vie plus intéressante. L'amour qui déchante, les amis qui deviennent distants, la famille qui éclate, les perpétuels tracas de la vie, les factures à payer. Les rêves d'enfant qui se brisent. Les jours se suivent et se ressemblent, et nous vivons tous avec l'espoir qu'un matin, le destin nous envoi un signe. Nous sommes la merde de ce monde prête à servir à tout.

Bienvenue à Sydney, en Australie. Si les banlieues résidentielles ont des allures de Desperate Housewives, la vie est bien différente ici. Bien sûr, vous aurez toujours cette pelouse fraichement tondue du pâté de maisons non loin, les cris des enfants jouant dans les jardins, la douce odeur de muffins au chocolat émanant de l’entrebâillement de porte de chez Mme Flowers, et la sonnette de vélo de ce jeune garçon, jetant tous les jours le journal de la ville à l’entrée des maisons. Bien sûr, vous retrouvez ces chères petites résidences, aux larges vérandas, entourés d’un jardin fleuri et de grands arbres séculaires, le ronronnement étouffé d’une tondeuse à gazon qui vient, inlassablement, caresser l’air ambiant d’une douce odeur d’été. Mais il n'en ait pas moins que la vie est beaucoup moins rose. Métro, boulot, dodo, c'est comme ça et pas autrement. « Passez une bonne journée. »